« Héros underground, Robert Malaval a été tour à tour écrivain non publié, dandy pop admirateur et proche des Rolling Stones, hippie voyant le monde en «rose, blanc, mauve», pionnier du glamrock peignant avec des paillettes, inventeur d’une esthétique punk »
Nicolas Bourriaud et Jerome Sans
Nice 1937 - Paris 1980
Robert Malaval est né à Nice, le 29 juillet 1937, d'un père ouvrier chez Michelin et d'une mère employée du Crédit Lyonnais. A l'issue de ses études secondaires, il fera simultanément toutes sortes de petits métiers alimentaires et ses toutes premières expériences artistiques, datées de 1955. A 19 ans, il s'installe à Paris et commence à peindre véritablement. Les premières œuvres, qu'il vend aux terrasses des cafés, sont des lavis sur papier aux couleurs sombres et, déjà, l'encre qui se diffuse par capillarité dans la texture du papier, y annonce certaines des efflorescences futures. Après un bref service militaire, dont il est rapidement exempté, il s'installe dans les Basses-Alpes et les œuvres qu'il produit, de 1958 à 1961, portent fortement la trace de la couleur et de la matière de la terre des paysages qui l'entourent.
En 1961, il rencontre Alphonse Chave qui l'invite, avec femme et enfants, à s'installer à Vence où il a une galerie, lui prête un atelier et lui donne un peu d'argent chaque mois pour produire des œuvres. C'est là qu'il découvre une matière qui, grâce à un petit enfant qui passait par là et pensait qu'on pouvait en manger, s'appellera l'Aliment Blanc. Quelques années après, Robert Malaval est de nouveau à Paris, il est devenu l'homme de l'Aliment Blanc, puis celui des couleurs "rose-blanc-mauve". Il expose son travail, vit de manière spectaculaire, joue le jeu puis s'en lasse vite et décide de tout arrêter. Il se consacre à un livre sur les Rolling Stones, le son le passionne, il passe des jours entiers à enregistrer la mer, les grillons, le vent.
En 1971, il met en scène son exposition Transat-Marine-Campagne-Rock'n'roll, qui résume toutes ses conceptions de l'art, de son rapport au public, de son désir de croiser les univers. Il crée un jeu pour enfants, un album de sérigraphies consacré aux Rolling Stones, et, en 1973, les premières paillettes apparaissent dans ses œuvres. Il écrit "Kamikaze fin du monde" sur un vêtement peint comme un tableau et se lance dans une grande série d'œuvres célestes qui scintillent de couleurs et de paillettes. Il a traversé beaucoup d'univers, fait de nombreuses expériences, des plus dures aux plus frivoles. Il a regardé vers la musique, parcouru le monde des artistes, écrit des histoires de fantômes, touché au spectacle, mais tout cela ne le fascine plus. C'est à Créteil, en 1980, qu'il peint comme on donne un opéra et réalise une série d'œuvres époustouflantes de vie et d'énergie. Et, vers le 8 août de la même année, il décide d'en finir avec la vie et se tire une balle dans la tête sur la musique de Blank Generation.
Marc Sanchez, 2005
French artist
Nice 1937- Paris 1980
Robert Malaval was born in Nice on 29 July 1937. His father worked for Michelin and his mother for Crédit Lyonnais. After completing his secondary education, he worked in a variety of odd jobs while at the same time trying his hand at his very first artwork, in 1955. At the age of 19, he moved to Paris and began painting in earnest. His first works, which he sold on café terraces, were washes on paper in dark colours, and already the ink, which diffused by capillary action into the texture of the paper, foreshadowed some of the efflorescences to come. After a brief period of military service, from which he was soon exempted, he settled in the Basses-Alpes and the works he produced from 1958 to 1961 bore a strong imprint of the colour and matter of the earth in the landscapes around him.
In 1961, he met Alphonse Chave, who invited him, his wife and children to settle in Vence, where he had a gallery, lent him a studio and gave him a little money each month to produce works. It was there that he discovered a material which, thanks to a small child who happened to be passing by and thought it could be eaten, became known as Aliment Blanc (white food). A few years later, Robert Malaval was back in Paris, and had become the man behind Aliment Blanc, then the man behind the "pink-white-purple" colours. He exhibited his work, lived spectacularly, played the game, then quickly tired of it and decided to call it a day. He devoted himself to a book on the Rolling Stones, and was passionate about sound. He spent whole days recording the sea, crickets and the wind.
In 1971, he staged his exhibition Transat-Marine-Campagne-Rock'n'roll, which summed up all his ideas about art, his relationship with the public and his desire to cross worlds. He created a children's game and a silkscreen album devoted to the Rolling Stones, and in 1973 the first glitters appeared in his work. He wrote "Kamikaze fin du monde" (End of the world) on a piece of clothing painted like a painting, and embarked on a major series of celestial works glittering with colour and glitters. He has crossed many universes, had many experiences, from the harshest to the most frivolous. He's looked at music, travelled the world of artists, written ghost stories, worked in show business, but none of it fascinates him any more. It was in Créteil, in 1980, that he painted like an opera performer and produced a series of breathtaking works full of life and energy. Then, around 8 August that year, he decided to end his life and shot himself in the head to the music of Blank Generation.
Marc Sanchez, 2005
Collections Publiques
Centre Pompidou — Musée National d’art Moderne, Paris, France
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, France
CNAP — Centre national des arts plastiques, Paris, France
MAC VAL — Musée d'Art Contemporain du Val-de- Marne, Vitry-sur-Seine
MAMAC — Musée d’Art Moderne et Contemporain, Nice, France
Musée d’Art Moderne et Contemporain, Saint-Etienne Métropole, France
FRAC Pays de la Loire, France
MAC — Musée d’Art Contemporain, Marseille, France
Les Abattoires, Toulouse, France
Musée Picasso, Antibes, France
Musée d’Art Moderne, Céret, France
FRAC Champagne Ardenne, Reims, France
Musée d’Arts, Nantes, France
Carré d’Art, Nimes, France
Musée des Beaux Arts, Rennes, France
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LES DÉSERTEURS
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Exposer l’œuvre de Robert Malaval, aujourd’hui, au Palais de Tokyo et à la Biennale d’art contemporain de Lyon, relève d’un choix engagé et d’un parti pris résolument à contre-courant de l’air du temps. Car il s’agit là d’une véritable prise de position pour défendre l’œuvre d’un artiste capital et pourtant négligé - voire oublié - par l’histoire de l’art de ces vingt-cinq dernières années.
Créateur d’une véritable version française du pop art, Robert Malaval est l’un des rares artistes des années 1960-1970 à avoir intégré la culture rock dans son travail. La science fiction que le fascine, traverse toute son oeuvre, des premiers Aliments Blancs de 1961 jusqu’aux Pastels Vortex de 1978.
Héros underground, Robert Malaval a été tour à tour écrivain non publié, dandy pop admirateur et proche des Rolling Stones, hippie voyant le monde en «rose, blanc, mauve», pionnier du glamrock peignant avec des paillettes, inventeur d’une esthétique punk,avant de se jeter, tel un kamikaze du no future, dans le grouffre de la mort volontaire. Passionné par les sons, il vole autour de lui des bruits dont il nourrit ses expositions et alimente enpermanence sa peinture de la musique qu’il aime. Alors qu’une nouvelle génération d'artistes est profondément influencée par les cultures éléctroniques et les développements du rock, il est essentiel de remettre enlumière l'œuvre de Robert Malaval afin de montrer l'actualité de cet artiste qui pourrait résumer à lui seul les années pop françaises et dont la disparition brutale,en 1980, ne saurait en occulter la vibrante présence.
Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans
To exhibit the work of Robert Malaval today at the Palais de Tokyo and the Lyon Biennial of Contemporary Art is a conscious choice, one that runs resolutely counter to the zeitgeist. It's a real stand in defence of the work of a major artist who has been neglected - even forgotten - by art history over the last twenty-five years.
The creator of a distinctly French version of pop art, Robert Malaval is one of the few artists of the 1960s and 1970s to have integrated rock culture into his work. His fascination with science fiction runs through all his work, from the first Aliments Blancs of 1961 to the Pastels Vortex of 1978.
An underground hero, Robert Malaval was in turn an unpublished writer, a pop dandy who admired and was close to the Rolling Stones, a hippie who saw the world in "pink, white and mauve", a glam-rock pioneer who painted with sequins, and the inventor of a punk aesthetic, before throwing himself, like a kamikaze of the no future, into the abyss of voluntary death. Passionate about sound, he steals noises from all around him to feed his exhibitions and constantly nourishes his painting with the music he loves.
At a time when a new generation of artists is being profoundly influenced by electronic cultures and developments in rock, it is essential to bring Robert Malaval's work back into the limelight, to show the relevance of this artist who could sum up the French pop years in his own right, and whose vibrant presence cannot be overshadowed by his sudden death in 1980.
Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans
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