![JULIETTE ROCHE, Rue Victor Massé, 1912](https://artlogic-res.cloudinary.com/w_1600,h_1600,c_limit,f_auto,fl_lossy,q_auto/artlogicstorage/galeriepaulinepavec/images/view/118edeebd9374541e261c26565aefb81/galeriepaulinepavec-juliette-roche-rue-victor-mass-1912.jpg)
JULIETTE ROCHE Française , 1884-1980
Oil on canvas
24 1/4 x 18 1/4 in
Née en 1884 et décédée en 1980, Juliette Roche incarne la femme artiste du début du XXe siècle. Sa carrière s'étend des années 1906 aux années 1950. Son œuvre riche et variée est marquée par des événements importants comme en 1913 sa rencontre avec le groupe des cubistes de Salons qui a mené à son mariage en 1915 avec Albert Gleizes. Cette même année, le couple part s'installer aux Etats-Unis, à New York, où Roche est introduite au cercle des Arensberg, par Marcel Duchamp. C'est pendant cette période américaine qu'elle prend part aux activités du groupe Dada et se rapproche de Francis Picabia. Son retour en France dans les années 1920 est marqué par l'enrichissement de son œuvre de diverses publications.
Rue Victor Massé est un intérieur de boutique peint en 1912. À cette période, Juliette Roche s’intéresse à la représentation de la ville de Paris, de ses habitants dans leur quotidien et affirme sa différence, par une attirance pour des formes de marginalité qui l’amène à représenter des figures minoritaires. En effet, Juliette Roche évolue entre la haute société par l’intermédiaire de la position sociale de son père, alors Ministre de l’industrie et de sa marraine la Comtesse Greffulhe, mais aussi dans les mondes artistiques de Montparnasse et Pigalle par le biais de Cocteau et des artistes qu’elle côtoie à l’Académie Ranson.
A travers oeuvre Rue Victor Massé, l’artiste dépeint une boutique de déguisements, ou de costumes, dans laquelle les sujets principaux de la composition sont les trois personnages discutant. Deux de ces personnages, placés sur la droite de la composition, sont étonnants par leurs attributs et on peut supposer qu’il s’agit d’un couple de femmes dont l’une porte un costume et une cravate, elle a les traits fins, la taille marquée et fine ainsi qu’un maquillage qui appuie sur les ombres naturelles des yeux du nez et de la mâchoire.
Ainsi, Christian Briend, conservateur en chef du Centre Pompidou, identifie «deux femmes à l’allure hommasse et portant des vêtements masculins». Or le travestissement leur est interdit en France, le port du pantalon exigeant une autorisation préfectorale. Dans ce magasin, la référence à l’homosexualité est soulignée par les masques, auxquels elle consacre plusieurs œuvres. Ils évoquent sans doute la diversité des cultures, mais aussi, dans l’imaginaire homosexuel, le passing hétérosexuel, travestissement inversé. Loin d’être en position de voyeur, Juliette Roche elle-même n’est pas étrangère à l’étrangeté que nous dirions aujourd’hui queer de ses personnages.
Juliette Roche a réalisé plusieurs œuvres représentant des masques entre 1912 et 1920, dont une huile sur bois datant de la même époque conservée aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon. Sur cet exemple, on peut observer que ces masques sont traités comme parodiant les traits masculins et féminins.
Born in 1884 and died in 1980, Juliette Roche embodies the women artist of the early 20th century. Her career covered the years 1906 to 1950. Her rich and varied work is marked by important events such as her encounter with the Cubist group in 1913, which led to her marriage with Albert Gleizes in 1915. That same year, the couple moved to New York, where Roche was introduced to the Arensberg circle by Marcel Duchamp. It was during this American period that she took part in the activities of the Dada group and became close to Francis Picabia. Her return to France in the 1920s was marked by the
enrichment of her work with various publications.
Rue Victor Massé is a store interior painted in 1912. During this period, Juliette Roche was interested in depicting the city of Paris and its inhabitants in their daily lives, and asserting her difference through an attraction to forms of marginality that led her to depict minority figures. Indeed, Juliette Roche moved between high society through the social position of her father, then Minister of Industry, and her godmother the Countess Greffulhe, but also in the artistic worlds of Montparnasse and Pigalle through Cocteau and the artists she rubbed shoulders with at the Académie Ranson.
In her work Rue Victor Massé, the artist depicts a costume store, or costume shop, in which the main subjects of the composition are three characters in conversation. Two of these characters, positioned on the right side of the composition, are striking due to their attributes, suggesting they are a couple of women, one of whom wears a suit and tie, has delicate features, a slender waist, and makeup that accentuates the natural shadows of her eyes, nose, and jawline.
Christian Briend, chief curator at the Centre Pompidou, identifies them as "two women with a masculine appearance wearing men's clothing." However, cross-dressing was prohibited in France, with wearing trousers requiring official permission. In this shop, the reference to homosexuality is highlighted by the masks, which she dedicated several works to. They likely evoke the diversity of cultures and, within the homosexual imagination, the concept of heterosexual passing, an inverted form of cross-dressing. Far from being in a voyeuristic position, Juliette Roche herself is not a stranger to the strangeness that we would today describe as queer in her characters.
Juliette Roche produced several works depicting masks between 1912 and 1920, including an oil on wood from the same period now in the Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie in Besançon. In this example, we can see that the masks are treated as parodies of male and female features.