Overview
Vernissage samedi 29 mars 2025 — 14h-21h
Dès son adolescence, Madeleine Dinès (1906-1996) ressent un profond désir de peindre. Après une licence en Psychologie et Sociologie, et bien qu’en conflit avec le catholicisme strict de son père, le peintre Nabi Maurice Denis, elle rejoint ses ateliers d’art sacré et se forme à la peinture. Dès les années 1920, elle s’émancipe en signant ses premières œuvres du pseudonyme anagramme «Dinès » et poursuit sa formation à la Grande Chaumière, à l’Académie Ranson et au Bateau-Lavoir. Athée, elle rejette les normes religieuses et se demande si l’art ne représente pas une forme de défiance envers une autorité divine.
 
En 1934, elle épouse le poète Jean Follain, avec qui elle mène une relation indépendante et originale. 
 
Malgré son audace, l’émancipation de Madeleine Follain-Denis dite Dinès reste complexe, partagée entre la célébrité de son père et celle émergente de son mari. Pour affirmer son identité, elle se consacre à une œuvre picturale intime et introspective.
Loin des thèmes spirituels et mythologiques chers à son père, mais aussi des grandes avant-gardes de son époque comme le surréalisme dont elle se tient en retrait, bien qu’étant proches des artistes de son époque, Madeleine Dinès, s’engage dans une exploration plus réaliste de la vie quotidienne, tout en insufflant à ses œuvres une étrange poésie, une inquiétante étrangeté. 
 
De la nature morte à l’autoportrait, en passant par les paysages de campagne et les scènes d’intérieur, elle explore avec subtilité les multiples facettes d’un quotidien imprégné de mystère et de mélancolie où chaque élément semble chargé d’une histoire personnelle.
 
Ses intérieurs, parfois déserts, conservent la mémoire d’une présence humaine qui viendrait de quitter la pièce. Dans Le lit défait aux pantoufles rouges, la trace de l’occupant se devine par l’empreinte laissée dans l’oreiller, les draps froissés et les pantoufles abandonnées. De même, dans Le lit vide, l’oreiller rejeté et la couverture relevée suggèrent l’instant d’une absence fugitive. La cheminée blanche dépeint, quant à elle, une étrange quiétude, où des objets, comme des légumes fraîchement déposés devant l’âtre ou une poêle abandonnée, évoquent un silence lourd de signification.
 
Un autre motif récurrent est la figure d’un personnage nu, souvent l’artiste elle-même, plongée dans une introspection silencieuse, regardant mélancoliquement par une fenêtre ouverte ou se contemplant dans un miroir comme dans Couple nu au miroir, sur papier peint fleuri. Ces moments pris sur le vif de la vie quotidienne témoignent d’une réflexion sur l’existence. Cette même démarche se retrouve dans les différents portraits qu’elle réalise de ses proches, comme Jean Follain ou Alain Cuny, ou des anonymes rencontrés lors de ses voyages. Dinès réussit à saisir des instants où ses sujets semblent comme absorbés dans leurs pensées comme dans Portrait d’homme à la pipe.
Ses natures mortes, transforment l’ordinaire en scènes énigmatiques, où l’innocence des objets se mêle à une atmosphère dérangeante. Certains de ses paysages, où les symboles étranges se multiplient, sont à la frontière du surréalisme.

 


 

 

From her early teens, Madeleine Dinès (1906-1996) felt a deep desire to paint. After completing a degree in Psychology and Sociology, and despite being in conflict with the strict Catholicism of her father, the Nabi painter Maurice Denis, she joined his sacred art workshops and trained as a painter. From the 1920s onwards, she emancipated herself by signing her first works with the anagram pseudonym ‘Dinès’ and continued her training at the Grande Chaumière, the Académie Ranson and the Bateau-Lavoir. As an atheist, she rejected religious norms and wondered whether art might not represent a form of defiance of divine authority.
 
In 1934, she married the poet Jean Follain, with whom she had an unconventional and free-spirited relationship.
 
Despite her audacity, Madeleine Follain-Denis dite Dinès's emancipation remained complex, torn between her father's celebrity and her husband's emerging fame. To assert her identity, she devoted herself to an intimate, introspective body of work.
Far removed from the spiritual and mythological themes dear to her father, but also from the great avant-gardes of her time, such as Surrealism, from which she kept a distance, despite being close to the artists of her time, Madeleine Dinès embarked on a more realistic exploration of everyday life, while infusing her works with a strange poetry, a disturbing strangeness.
 

From still lifes to self-portraits, from country landscapes to interior scenes, she subtly explores the many facets of a daily life imbued with mystery and melancholy, where each element seems to carry a personal story.


Her interiors, sometimes deserted, preserve the memory of a human presence that has just left the room. In Le lit défait aux pantoufles rouges, the trace of the occupant can be seen in the imprint left on the pillow, the crumpled sheets and the abandoned slippers. Similarly, in Le lit vide, the discarded pillow and the raised blanket suggest a fleeting absence. As for La cheminée blanche, it depicts a strange tranquillity, where objects such as vegetables freshly placed in front of the hearth or an abandoned frying pan evoke a silence fraught with meaning.

 

Another recurring motif is the figure of a naked person, often the artist herself, immersed in silent introspection, gazing melancholically out of an open window or contemplating herself in a mirror, as in Couple nu au miroir, sur papier peint fleuri. These snapshots of everyday life reflect a deep exploration of existence. This same approach can be found in the various portraits she creates of people close to her, such as Jean Follain or Alain Cuny, or anonymous people she meets while travelling.

Dinès succeeds in capturing moments when his subjects seem to be absorbed in their own thoughts, as in Portrait of a Man with a Pipe.


Her still lifes transform the ordinary into enigmatic scenes, where the innocence of the objects mingles with a disturbing atmosphere. Some of her landscapes, in which strange symbols flourish, border on the Surrealism.

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