
JULIETTE ROCHE Française , 1884-1980
24 x 19 3/4 in
Encadrement :
Caisse américaine, bois blanc sous verre
74,4 x 63,7 cm
Née en 1884 et décédée en 1980, Juliette Roche incarne la femme artiste du début du XXe siècle. Sa carrière s'étend des années 1906 aux années 1950. Son œuvre riche et variée est marquée par des événements importants comme en 1913 sa rencontre avec le groupe des cubistes de Salons qui a mené à son mariage en 1915 avec Albert Gleizes. Cette même année, le couple part s'installer aux Etats-Unis, à New York, où Roche est introduite au cercle des Arensberg, par Marcel Duchamp. C'est pendant cette période américaine qu'elle prend part aux activités du groupe Dada et se rapproche de Francis Picabia. Son retour en France dans les années 1920 est marqué par l'enrichissement de son œuvre de diverses publications.
La question du portrait et surtout celle de l’autoportrait est un thème très important dans l’œuvre de Juliette Roche. En effet, un de ses premiers tableaux est un double autoportrait datant de 1908. Il est conservé au Musée des beaux-arts de Lyon, et représente dans cette oeuvre ses deux profils, formant ainsi un diptyque dans lequel elle dévoile sa maestria des techniques classiques et modernes.
À la fin du XIXe siècle, une tendance des artistes et de se représenter en artiste, c’est-à-dire mettre en avant sa qualité de peintre par des éléments de décors. Juliette Roche, cependant, ne s’est jamais représentée directement comme peintre, mais en tant que femme, revendiquant ainsi sa condition de femme et non celle d’artiste.
Dans cette toile, elle se représente de 3/4 face, mettant en avant son profil droit. Son visage au centre de la composition se dégage sur un fond texturé clair qui se fond avec la couleur de sa peau, de telle manière que son cou se dégage légèrement, donnant presque l’impression de flotter dans cet ensemble abstrait. Il s’agit donc d’une des première occurence de l’abstraction dans l’œuvre de Juliette Roche.
Bien qu’identifiable, le traitement du visage est assez minimaliste, il témoigne de la virtuosité de Juliette Roche qui démontre son style personnel en se représentant très fidèlement. En effet, il existe plusieurs photos d’archives la représentant dont une datant de 1911 conservée à la Bibliothèque Kandisky qui montre la véracité de cette toile de 1915.
Cet autoportrait rappelle sa formation par les Nabis, en effet, on retrouve dans sa manière de sculpter la peinture pour en dégager le visage, quelque chose de similaire avec les portraits d’artistes comme Pierre Bonnard, ou encore Édouard Vuillard dont l’Autoportrait de 1889 conservé au musée d’Orsay semble relativement proche de celui de Juliette Roche. En effet dans ces deux autoportraits, on retrouve la représentation d’un visage se dégageant sur un fond neutre, le travail de Vuillard à un côté très réaliste, proche de la photographie alors que l’œuvre de Juliette Roche à un côté plus onirique.
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Born in 1884 and died in 1980, Juliette Roche embodies the women artist of the early 20th century. Her career covered the years 1906 to 1950. Her rich and varied work is marked by important events such as her encounter with the Cubist group in 1913, which led to her marriage with Albert Gleizes in 1915. That same year, the couple moved to New York, where Marcel Duchamp introduced Roche to the Arensberg circle. During this American period, she took part in the activities of the Dada group and became close to Francis Picabia. Her return to France in the 1920s was marked by the enrichment of her work with various publications.
The portrait, and especially the self-portrait, is a very important theme in Juliette Roche's work. Indeed, one of her earliest paintings is a double self-portrait dating from 1908. It is kept at the Musée des Beaux-Arts in Lyon, and in this work she depicts her two profiles, forming a diptych in which she reveals her mastery of classical and modern techniques.
At the end of the 19th century, there was a tendency for artists to portray themselves as artists, in other words, to emphasise their status as painters by using decorative elements. Juliette Roche, however, never represented herself directly as a painter, but as a woman, thus asserting her status as a woman and not as an artist.
In this painting, she is depicted 3/4 face on, emphasising her straight profile. Her face, at the centre of the composition, stands out against a light textured background that blends with the colour of her skin, so that her neck is slightly out of the way, almost giving the impression of floating in this abstract whole. This is one of the first instances of abstraction in Juliette Roche's work.
Although identifiable, the treatment of the face is fairly minimalist, testifying to the virtuosity of Juliette Roche, who demonstrated her unique style by depicting herself very faithfully. Indeed, there are several archive photos of her, including one dating from 1911 in the Bibliothèque Kandisky, which show the veracity of this 1915 painting.
This self-portrait is reminiscent of her training by the Nabis, and the way she sculpted the paint to reveal her face is similar to the portraits of artists such as Pierre Bonnard and Édouard Vuillard, whose 1889 Self-Portrait in the Musée d'Orsay seems relatively close to that of Juliette Roche. Vuillard's work has a very realistic, photographic feel, whereas Juliette Roche's work has a more dreamlike quality.